SAADANE BENBABAALI
Love and drunkenness in the muwashshsah as sung in the
by Saadane Benbabaali [Sorbonne]
SUMMARY: La poésie andalouse
constitue une part importante du patrimoine littéraire arabe. Elle s’est constituée parallèlement à l’émergence d’une population
andalouse de plus en plus homogène. Après avoir imité leurs illustres
pairs orientaux comme al-Mutanabbi ou Abù Nuwâs, les poètes andalous se sont
peu à peu libérés de la tutelle de Damas et de
Cordoue. Ils ont exploré, à leur tour, tous les thèmes
traditionnels de la poésie en les marquant de l’empreinte de leurs sensibilités
particulières nées dans les conditions particulières d’une société
multiethnique et multiculturelle.
Le muwashshah fut le mode
d’expression poétique approprié d’une société qui a
réussi, après de longs et difficiles ajustements, à
établir une relative harmonie entre ses
différentes composantes sociales et ethniques. Le tawshîh est incontestablement la signature originale d’une civilisation qui
est parvenue, à un moment de son histoire, à réaliser la synthèse heureuse de sensibilités aussi riches que
diverses : ibère, arabe et berbère.
Inventé
dans la Péninsule ibérique, le muwashshah
a commencé, dès le 12esiècle à franchir le Détroit pour aller conquérir tant le Maghrib voisin que des contrées plus
lointaines au Mashriq.
Le muwashshah fut d’autant plus facilement répandu qu’il arriva,
dans ces nouvelles contrées, habillé le
plus souvent de mélodies envoûtantes appartenant au répertoire musical andalou, celui des nawbât mises au point par Ziryâb et
développées par ses successeurs.
Ces
poèmes qui constituent l’essentiel du répertoire poétique chanté dans la nawba andalouse telle que nous la
connaissons aujourd’hui feront l’objet de notre étude thématique. Nous
essayerons de montrer à quels genres poétiques ils se
rattachent. Nous accorderons une attention particulière aux motifs tressés dans
le cadre de l’univers érotico-bachique de ces pièces chantées d’un grand
raffinement. Nous étudierons la langue
particulière qui donne sa saveur particulière aux azdjâl chantés. Enfin nous
tenterons de montrer le lien étroit qui unit le poème à la mélodie qui le porte
et de percer le secret du concept de tab’
sur lequel repose la nawba arabo-andalouse.